Discussion autour des livres – Avril 2022

Tous les deux mois environ, les abonné(e)s à la bibliothèque des Abeilles sont convié(e)s à se rassembler autour des livres : des livres qu’ils/elles ont aimés et qu’ils/elles veulent partager. Mais, on peut aussi, simplement, avoir envie d’écouter… Vous trouverez ci-dessous, les titres des ouvrages présentés lors de ces réunions qui ont lieu le mardi à 18 h.

Discussion du 5 avril 2022

Les lectrices présentes ont parlé des ouvrages ci-dessous :

Ton absence n’est que ténèbres de Jón Kalman Stefánsson (Auteur islandais)

Comme souvent dans les romans islandais, les noms des personnages sont difficiles à mémoriser ! De plus, cette saga familiale se déroule sur plus d’un siècle et n’est pas présentée de façon chronologique : tous ces éléments sont déroutants, au début, mais on s’habitue : il reste un très beau livre qui narre l’existence d’un homme qui se réveille dans une église, amnésique… Il ne reconnaît personne, mais tout le monde le connaît. Il recolle peu à peu les morceaux de sa vie et de celle de sa famille au travers des conversations qu’il a avec les uns et les autres. La musique est très présente dans le livre et, à la fin, une check-liste récapitule les morceaux « entendus » au fil de la lecture.

Le grand monde de Pierre Lemaitre

Un « grand » livre : il fait 500 pages, mais la fluidité du récit et de l’écriture effacent la longueur.
1948 : début des « 30 glorieuses ». Un couple de français établi à Beyrouth est propriétaire florissant d’une savonnerie. Trois garçons, une fille, tous différents les uns des autres. Peu à peu, la « famille », sacrée pour ce couple, va s’éparpiller : Paris pour 3 d’entre eux, pour travailler ou faire des études, l’Indochine pour l’un des garçons qui part travailler à Saigon, non pour faire la guerre qui sévit à ce moment-là mais pour rejoindre quelqu’un. Fresque familiale et historique : amour, meurtres, guerre, politique, par moments, on se croirait dans un roman policier. Ce récit s’arrête à l’aube des années 1950 et devrait faire l’objet d’une suite. On a envie de savoir ce que vont devenir ces personnages !

La volonté de Marc Dugain

Livre autobiographique, L’auteur raconte la vie de son père qui grandit pendant la seconde guerre mondiale. Les trois enfants réussissent très bien leurs études, dans une famille qui a peu de moyens. Le père du narrateur est atteint par la poliomyélite : soigné à Necker, il en guérit mais restera handicapé. Il devient ingénieur, chercheur atomique, se marie mais passera peu de temps avec son fils car son travail l’appelle partout. Le livre se lit facilement ; la « volonté » que le l’ouvrage porte en titre est celle du père, le témoignage de ce à quoi on peut parvenir avec de la volonté. Livre « sérieux »

 

D’une aube à l’autre de Laurence Tardieu

Livre autobiographique. La narratrice raconte la leucémie de son garçon de quatre ans. Elle est informée de la maladie de son fils le premier jour du confinement, en 2020. Elle et son mari se relaient à son chevet car la présence d’une seule personne est autorisée, à l’hôpital. Elle évoque tout à la fois l’impuissance et l’espèrance de la médercine, jusqu’à la greffe de moelle qui va le sauver. Le récit de 158 jours qui se succèdent avec espoir, dépression, joie, poésie (c’est le printemps!). Laurence Tardieu fait la part belle aux soignants qu’elle qualifie de « géniaux ». C’est elle le personnage principal du roman, avec le grand-père, le père, les deux filles aînées dont l’une va donner sa moelle.

 

Poussière dans le vent de Leonardo de Padura (Auteur cubain)

L’ écrivain cubain décrit la vie à La Havane, dans les dernières décennies du 20ème siècle et au début des années 2000, au travers du destin du « clan ». Ce clan est constitué de quelques personnes, hommes et femmes, qui se sont rencontrées au lycée et ont noué de forts liens d’amitié. « Comment a-t-on pu en arriver là ? » se demandent-ils. Car au début ils y croyaient au communisme qui devait les mener vers une existence joyeuse et généreuse. La description de la vie quotidienne est effrayante, faite de privations, de débrouille. Presque tous veulent partir, quel qu’en soit le prix. Certains réussiront. Padura nous fait vivre, avec beaucoup d’émotion, de poésie et parfois d’humour, cette lutte de tous les instants pour survivre.

 

Où vivaient les gens heureux de Joyce Maynard (Auteure nord-américaine)

Une vie de femme, pendant plusieurs décennies, avec ses bonheurs, dont celui de la maternité et de la vie de famille, ses soucis quotidiens, ses drames et l’apaisement qui vient enfin.
Eleanor qui n’a pas eu une enfance très heureuse ( une enfant pas vraiment désirée) va devenir l’auteure à succès de livres pour enfant et gagner beaucoup d’argent. Ceci va lui permettre d’acheter, dans le New Hampshire (nord-est des USA), une vieille ferme qu’elle va restaurer avec Cam, « l’homme de sa vie ». Très vite, les enfants vont arriver : deux filles un garçon. Nous allons vivre l’histoire de cette famille des années 1970 à nos jours : la vie rêvée pour Eleanor, au départ… mais les déceptions arriveront : Cam est de moins en moins l’homme de sa vie, elle lui en veut de plus en plus pour son flegmatisme, le fait qu’il ne se sente pas vraiment obligé de contribuer financièrement aux dépenses de la ferme et de la famille, sa négligence qui va peut-être provoquer un drame. Eleanor est la femme et la mère dévouée, prête à tout sacrifier pour le bonheur des siens. Jusqu’où ira-t-elle ? Un livre très émouvant, facile à lire.

Nos vies en flammes de David Joy (Auteur nord-américain)

Confrontation entre « l’ancien monde et le nouveau monde ». Dans les Appalaches, en Caroline du Nord, Ray vit de façon très solitaire une retraite paisible après une carrière de garde forestier. Il a perdu sa femme, morte d’un cancer et le souvenir de cette épouse très aimée le hante en permanence. Il a aussi perdu son fils mais pour d’autres raisons : la spirale de la drogue qui pourrit la région où règne le chômage, la violence liée au trafic de la drogue. Alors que Ray voue un véritable culte à la nature qui l’entoure (l’auteur a été l’élève de Ron Rash, autre passionné de nature) et aux traditions du « vieux monde », il va être rappelé à la réalité lorsque des dealers lui réclament le paiement des dettes de son fils. Ray, qui n’a qu’une confiance limitée dans la police, va appliquer ses propres méthodes ce qui va conduire à de gros conflits. Un livre poignant où la détresse du père est profondément émouvante mais aussi un livre assez violent par moments car l’univers de la drogue est sans merci.

L’affaire Alaska Sanders de Joël Dicker (Auteur suisse de langue française)

On retrouve dans ce roman les personnages de « La vérité sur l’affaire Harry Québert », l’écrivain Marcus Goldman et le policier Perry Gahalowood. Les deux « associés » vont rouvrir l’enquête sur le meurtre d’Alaslka Sanders assassinée 10 ans plus tôt et dont on croyait avoir trouvé le coupable. A la fois polard et thriller, c’est un livre captivant qui révèle les secrets et non-dits d’une communauté où, finalement, personne n’est tout à fait innocent.

 

 

Regardez-nous danser de Leila Slimani

Ce livre est la suite de « Le pays des autres », paru en 2021. Nous sommes en 1968. Amine appartient à la nouvelle bourgeoisie marocaine. Il possède des terres. Le Maroc indépendant a du mal à trouver son identité. L’épouse d’Amine est alsacienne, elle l’a épousé à la fin de la guerre 39/45. Elle a tout donné à ses enfants et maintenant, elle veut une piscine pour compenser les sacrifices qu’elle a faits. Ouvrage intéressant pour mieux comprendre l’histoire du Maroc.

Klara et le soleil de Kasuo Ishiguro (Auteur britannique d’origine japonaise)

Klara est une « AA » c’est-à-dire une « Amie Artificielle », pour employer un autre terme, un robot ultra-performant, créé pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Ici, elle s’occupe de Jone, une enfant qui n’est pas en très bonne santé. Ce livre nous interroge sur notre humanité : l’amie artificielle se révèle plus attentive à Jone que sa propre mère. Celle-ci a perdu sa fille aînée : craignant que cela ne se reproduise, elle demande à un naturaliste de faire un « clone » de sa fille, qu’elle gardera si Jone vient à mourir. Klara est un robot assez fascinant : elle s’ajuste en permanence à ce qui l’entoure, elle évolue en fonction de ce qui se passe.

 

Le guerrier de porcelaine de Mathias Malzieu

Le narrateur retrace l’enfance de son père, né à la fin de la seconde guerre mondiale en 1944. Il est envoyé chez ses grands parents en Lorraine : dans son entourage, il y a aussi une tante qui prie, un oncle qui répare les peines de cœur du petit garçon dont la mère est morte à la naissance et à laquelle il écrit. Il s’occupe d’un œuf de cigogne fécondé, puis du cigogneau et d’un hérisson. C’est un livre poétique, amusant, léger. L’auteur met dans la bouche de l’enfant un langage parfois un peu bizarre, langage naturel chez un enfant.
Mathias Malzieu est aussi musicien, chanteur, scénariste et réalisateur. Il est le chanteur du groupe de rock français Dionysos.

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