Conseils de lecture – Janvier 2024

La « Discussion autour des livres » de janvier a été annulée, faute de participantes. L’équipe de la bibliothèque vous propose cependant quelques conseils de lecture : des livres lus et appréciés par les bénévoles.

 

Veiller sur elle – Jean-Baptiste Andrea
Prix Goncourt

Les romans de Jean-Baptiste Andrea commencent en général par la fin… Dans son précédent roman « Des diables et des saints » (superbe), un homme joue du piano dans les gares. Son histoire a commencé cinquante ans plus tôt dans un orphelinat de montagne. Dans « Veiller sur elle », Michel Angelo Vitaliani dit Mimo nous raconte son histoire à la veille de sa mort en 1986 dans une petite abbaye accrochée à flanc de falaise dans le Piémont italien. Il y vit retiré depuis 40 ans afin de « veiller sur elle ». Elle, c’est sa plus belle œuvre, une incroyable sculpture qui suscite fascination et convoitise.
Mimo se repasse sa vie : son enfance modeste, ses apprentissages entre Pietra d’Alba et Florence.
Et au cœur de cette vie aux rebondissements des plus romanesques : une amitié. Mimo, le sculpteur, et Viola, fille de la puissante famille Orsini de Pietra d’Alba, n’auraient sans doute jamais dû se rencontrer, mais le hasard les aura liés, tout au long de ce XXe siècle que l’on traverse à leurs côtés. Entre histoire de l’Italie marquée notamment par le fascisme, ode à la création et à l’art, histoire d’amour/amitié et quête de liberté, « Veiller sur elle » est un roman foisonnant aux personnages inoubliables. Un homme que l’on ne parvient jamais à saisir totalement, qui conservera toujours une part de mystère et une femme, véritable héroïne, vive et insaisissable, intelligente et droite !
Un magnifique roman à la fois touchant et rempli de beauté.

Perspective(s) – Laurent Binet

L’action se passe à Florence en 1557. Le livre est un roman policier épistolaire et historique. Le peintre Pontormo est retrouvé assassiné au pied d’une fresque qu’il peignait.Vasari, historien d’art et homme à tout faire du Duc de Florence, Cosimo de Médicis, demande l’aide du vieux Michel-Ange, exilé à Rome. Entre en scène la reine Catherine de Médicis, tante de la fille du Duc. Beaucoup d’intrigues, de convoitises. Tout ce petit monde intervient tour à tour, ainsi que quelques religieuses haut placées.Un beau témoignage des relations entre les grands et l’art à Florence et Rome. L(auteur utilise la phraséologie de l’époque. Un seul bémol : on peut se perdre entre tous les personnages.
Nota bene – Perspective au singulier : loi de la peinture ; perspectives au pluriel : multiplicité des voix et des points de vue. (L’auteur n’a pas voulu trancher entre les deux écritures)

Le secret de Sybil – Laurence Cossé

Une amitié très forte entre Sybil et la narratrice, pendant les années collèges, puis plus rien, jusqu’à la mort de Sybil. La narratrice essaie de trouver la raison du décès de son amie.
Délicatesse du style et de l’analyse. Portrait psychologique d’une amitié perdue.

Le château des rentiers – Agnès Desarthe

Une tour du XIIIème arrondissement de Paris, rue du Château des rentiers. C’est là que vivaient les grands parents de l’auteure, avec leurs amis juifs d’Europe centrale. Ils avaient inventé une vie en communauté, un phalanstère. L’auteure reprend ce projet. Ce roman raconte ce que vieillir veut dire, si l’on vit en compagnie de ceux que l’on aime.Roman construit sur une profusion de chapitres courts, agréables à lire. L’histoire évolue entre la vie de la grand-mère, puis celle de l’auteur, bébé, enfant, adolescente, en Algérie en 1943… Au fil de 285 pages, l’auteur explore ce qu’est la vieillesse. Rien n’est triste, parfois assez drôle, voire bizarre avec des réflexions amusantes. Quelle imagination ! Parfois un peu « nébuleux » mais on passe un bon moment de lecture.

Trust – Hernan Diaz
Prix Pulitzer 2023

Roman qui nous arrive des Etats-Unis. A la 100ème page, on a l’impression que le roman est fini alors que le livre en compte 400 ! La suite est surprenante : l’auteur se livre à une construction très subtile où l’on se perd parfois, avant de comprendre le fil du récit. Il faut bien le dire, il est beaucoup question de finances, de bourse, d’actions, de Wall Street… L’histoire se passe dans la première moitié du XXème siècle et met en scène un couple au sein duquel les relations sont singulières. Comme l’a dit un critique : ce livre ressemble aux poupées russes. On croit qu’on arrive à la fin, mais il y a encore quelque chose après. Ce n’est pas un livre facile à lire, mais quand on l’a fini, on est content de l’avoir lu !

La sentence – Louise Erdrich
Prix Fémina Etranger 2023

Pour un vol de cadavre dissimulant de la drogue, Tookie, d’origine amérindienne, va séjourner quelques années en prison et s’adonner à la lecture. A sa sortie, elle trouve du travail dans une librairie autochtone de Minneapolis, la Birchbark Books. Elle retrouve un équilibre jusqu’à ce qu’une de ses clientes revienne « hanter » la librairie après son décès. C’était sans compter sur l’épidémie de Covid 19 et le meurtre de George Floyd qui viennent chambouler son existence et l’obligent à affronter ses démons.
Roman sur le racisme et la condition des amérindiens, l’auteure rend un très bel hommage aux libraires et au pouvoir des livres ! A noter que la Birchbark Books est une librairie indépendante spécialisée en littérature autochtone, tenue par Louise Erdrich.
Un très bon moment de lecture.

Les vents de sable – Kristin Hannah

L’auteure nous plonge dans la vie des paysans du Texas en 1934. Ces travailleurs de la terre vont voir leur vie bouleversée par la conjugaison de deux catastrophes : la grande dépression qui suit la crise financière de 1929 et la sécheresse qui s’abat sur la région, ruinant les récoltes, rendant la terre stérile et toute culture impossible. Une jeune femme va partir sur les routes, avec ses deux enfants, à bord d’un vieux camion, pour tenter de rejoindre la Californie, là où l’on dit qu’il y a du travail. Elle y arrivera mais connaîtra là-bas des conditions de vie très difficiles, du travail dans les exploitations fruitières pour un salaire de misère. Et ils sont nombreux à chercher du travail : les californiens ne sont pas tendres envers ces « immigrés ». Un livre très émouvant qui décrit aussi une période réelle de l’histoire des USA et peut rappeler les sécheresses que nous connaissons maintenant en Europe.

Performance – Simon Liberati

La fin de vie d’un écrivain de 71 ans qui partage sa vie avec une femme mannequin de 23 ans. En perte d’inspiration après un AVC, criblé de dettes, il accepte d’écrire un dernier scénario sur la vie des Rolling Stones.
Un roman à la coloration sombre et émouvante.

Les démons de Berlin – Fabiano Massimi

En un peu plus de 400 pages, l’auteur nous fait vivre les 3 jours qui ont précédé l »incendie du Reichstag à Berlin, le 27 février 1933. Fabiano Massimi imagine une intrigue policière, ponctuée de nombreux meurtres et disparitions, en particulier de jeunes femmes blondes. Il met en scène les « acteurs » de l’époque, dont les noms sont tristement célèbres : Hitler, Göring, Goebbels, Himmler, etc. On assiste aux luttes de pouvoir, à la montée du nazisme dans un Berlin où les juifs sont déjà pourchassés… Tout le monde a peur, le danger est partout… Une intrigue policière qui s’inscrit dans un contexte politique bien réel et qui rappelle une période tragique de l’histoire de l’Europe.

L’hôtel des oiseaux – Joyce Maynard

L’auteur a écrit, en 2022, « Où vivaient les gens heureux » (présent à la bibliothèque des Abeilles), livre délicieux ! L’hôtel des oiseaux est moins attachant, mais mérite bien sûr d’être lu. Une jeune femme nord-américaine vit un drame qui la détruit. Sur le point de se suicider, elle choisit la fuite et se retrouve quelque part sans doute en Amérique centrale, le pays n’est pas nommé dans le roman. Elle va se reconstruire dans un petit village, en compagnie de gens simples : l’auteure fait de multiples portrait des habitants, dans de courts chapitres. ces histoires n’ont pas de lien direct avec le roman : il s’agit simplement de la description de la « vraie vie » de petites gens. Un roman qui se lit rapidement et facilement.

La colère et l’envie – Alice Renard
Prix Méduse 2023

Isor est une enfant mutique, dite « anormale » qui ne répond pas aux normes et aux codes de la société. Pour la protéger, ses parents s’obligent à vivre en huis clos. Sa rencontre avec Lucien, son voisin de 76 ans, avec qui elle se lie immédiatement et réciproquement d’amitié, va changer le cours de leur existence à tous.
Un premier roman tout en poésie et d’une grande sensibilité. Superbe.

 

Les insolents – Ann Scott
Prix Renaudot 2023

Alex, 45 ans, est compositrice reconnue de musique de films. Elle décide de fuir Paris pour s’installer en Bretagne dans le Finistère au bord de l’océan. Un besoin de solitude loin du tumulte de la capitale. Elle espère jouir de la vie simple et authentique de la province et se recentrer sur elle-même. Parallèlement, on suit la vie de Jacques et Margot, des amis inséparables qu’il a pourtant bien fallu quitter. Eux sont restés à Paris avec leur rythme de vie parisienne.
Et puis il y a Léo, au destin tragique, qu’Alex va croiser sur la plage sans vraiment le voir…
Une histoire de reconstruction et de nouveau départ.
Ce court roman est une réflexion sur la solitude, le doute, l’amitié et les rêves déçus.

Les dames de Marlow enquêtent : il suffira d’un cygne – Robert Thorogood

Tome 2 d’une série comico-policière. Ambiance britannique : trois femmes enquêtent.
Policier « sympa » ; humour et pause thé garantis !

 

 

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