Discussion autour des livres – Juin 2022

Tous les deux mois environ, les abonné(e)s à la bibliothèque des Abeilles sont convié(e)s à se rassembler autour des livres : des livres qu’ils/elles ont aimés et qu’ils/elles veulent partager. Mais, on peut aussi, simplement, avoir envie d’écouter… Vous trouverez ci-dessous, les titres des ouvrages présentés lors de ces réunions qui ont lieu le mardi à 18 h.

Discussion du 7 juin 2022

Lors de cette dernière discussion de la saison, nous avons parlé des livres suivants :

Paris-Briançon de Philippe Besson

Le récit d’un voyage en train de nuit au cours duquel une dizaine de personnes nouent des liens et se livrent des secrets. Ce sont des personnes très différentes : des familles, une groupe d’étudiants qui partent en vacances en Italie… Ils se confient les uns aux autres, sachant qu’ils ne se reverront pas. Une certaine atmosphère se crée, mais elle va se défaire. Beaucoup de suspense… Que va-t-il advenir de ces passagers d’une nuit ?

 

Le gosse de Véronique Olmi

C’est l’histoire de Joseph, un titi parisien né après la première guerre mondiale. Son père est mort de la grippe espagnole. Il vit avec sa mère et sa grand-mère : enfance heureuse jusqu’au jour où sa mère meurt. Plus de ressources, la grand-mère est confiée à une maison de retraite, Joseph devient « Pupille de la Nation ». La Nation envoie l’enfant à la Petite Roquette à l’âge de 8 ans, puis en colonie pénitentiaire. Joseph pourrait devenir un vrai délinquant mais il aime la musique, ce sera sa planche de salut. Le livre nous fait vivre cette enfance marquée par la maltraitance, le manque de soin, parfois la faim ! Le Front Populaire annonce à la fin du roman une lueur d’espoir car un journaliste révèle ce quise passe dans ces institutions.

L’autre découverte de l’Amérique de Katleen Alcott (auteure américaine)

Immersion dans l’histoire moderne de l’Amérique : les grands événements qui ont marqué les dernières décennies du 20ème siècle rythment le récit. La conquête de la Lune, la guerre du Vietnam, le Watergate, la guerre froide vont servir de cadre à la vie de 3 personnages.
Fay est une jeune fille née dans une riche famille californienne qui refuse la vie facile qui lui est promise. Elle part rejoindre sa sœur aînée qui a déjà fui sa famille et a ouvert un bar/restaurant assez miteux au beau milieu du désert Mojave, au sud de la Californie, à proximité d’une base de l’Armée. Les militaires, essentiellement des aviateurs, constituent la plus grande partie de la clientèle du bar. Fay va vivre une brève histoire d’amour avec Vincent, plus âgé qu’elle et déjà marié. Vincent n’a pas l’intention de quitter sa femme : il ne saura pas que Fay est enceinte et qu’elle a mis au monde un garçon qu’elle prénomme Wright. 10 ans plus tard, Vincent est le premier homme à marcher sur la lune. Fay n’avouera pas à son fils que cet homme est son père. Fay vit une existence marquée par la lutte contre la guerre du Vietnam : elle participe à des actions de contestation violente et doit fuir en Amérique du Sud pour échapper à la police. Elle traîne son fils dans ses dérives : il suit une scolarité aléatoire et se construit au travers des voyages et des rencontres de sa mère. L’histoire de ces 3 personnes se mêle à la grande histoire que Kathleen Ascott « arrange » pour qu’elle serve de cadre à leur vie, mais en respectant la chronologie, les grandes dates, une certaine vérité historique. Le personnage principal est finalement Wright : il doit se démener pour parvenir à l’âge adulte en se libérant plus ou moins des obsessions de sa mère et en partant à la recherche de ce père qu’il ne connaît pas. Ce n’est pas un livre facile à lire, il faut parfois s’accrocher, mais il mérite d’être lu car il présente une vision qui n’est pas exactement celle de l’Amérique triomphante.

Les enfants perdus de St Margaret d’Emily Gunnis (auteure anglaise)

Emily Gunnis construit son roman autour de la terrible histoire des institutions pour mères célibataires qui ont existé en Angleterre pendant presque tout le 20ème siècle. Ces maisons étaient dans leur grande majorité gérées par des religieuses qui avaient des méthodes que l’on peut qualifier de maltraitance. Les enfants qui naissent dans ces institutions sont rapidement enlevés à leurs mères et confiés à des familles pour adoption. Emily Gunnis fait de ces faits réels un thriller qui met en scène une journaliste à l’affût d’un reportage qui pourrait aider sa carrière et une présentatrice d’émissions télévisées très suivies. Ces deux femmes vont finir par se rencontrer et arriver à percer tous les mystères qui entourent ce passé récent et peu honorable de l’Angleterre. Ce livre fait écho, par moments à celui cité plus haut, Le gosse : les pays et les époques sont différents mais la maltraitance n’a pas de frontières !

Les flammes de pierre de Jean-Christophe Rufin

Une histoire d’amour un peu chaotique entre Laure et Rémy dans le cadre de la haute montagne. Il semblerait que le but de J.C. Rufin est d’écrire un roman sur la montagne, sa beauté, sa splendeur et le plaisir purement gratuit qu’il y a à pratiquer de l’escalade. Un roman à la Frison-Roche. Rémy est guide de haute montagne ( il ne dédaigne pas le flirt avec ses clientes), Laure est une bourgeoise parisienne qui ne connaît pas du tout ce milieu. Rémy va l’initier à l’alpinisme, à cette atmosphère à la fois sublime et dangereuse. Ils vont s’aimer, puis Laure rentre à Paris. Rémy la suit mais il dépérit loin de sa montagne, dans une vie dont il ne connaît pas les codes. Le roman oppose deux types de société mais se plaît surtout à chanter les louanges de la montagne.

Monument national de Julia Deck

Le monument dont il est question est le père de famille, ancienne gloire du cinéma français qui vit dans son château pas très loin de Paris. L’auteure présente une galerie de personnages : la troisième épouse, ancienne Miss Provence-Alpes-Côte d’Azur, dévouée à sa famille et à la paix dans le monde (comme toutes les Miss ! ), deux enfants adoptés, d’origine asiatique, une demi-soeur partie tenter sa chance à Los Angeles, l’intenddante du château et une armada d’employé(e)s. L’argent a été placé sur des comptes off-shore. A côté, il y a Cendrine, caissière au Super-U et son garnement de fils. Ces deux mondes finiront par se croiser. Toutes ces personnes sont des archétypes qui inspirent la sympathie même si la plume de Julia Deck est parfois satirique. C’est un livre amusant, récréatif, truculent, une joyeuse comédie basée sur la rencontre de deux classes sociales différentes.

La patience des traces de Jeanne Benameur

Simon, psychanalyste, passe son temps à écouter les autres, au risque de ne pas s’écouter lui-même. Un matin, un incident (il casse le bol bleu qu’il utilise pour son petit déjeuner) va être le point de départ d’un rendez-vous avec lui-même. Il part au Japon, dans les îles Yaeyama où il est accueilli par une famille dont il ne parle pas la langue. Il va vivre avec ces deux personnes : la femme collectionne les étoffes anciennes, le mari est potier et surtout répare les objets anciens en les embellissant. Simon a l’habitude de la parole, là il trouve le silence, la méditation, le recueillement. De même que le potier répare les cassures et brisures des objets qu’on lui confie, Simon va réparer les cicatrices de sa vie, celles qu’il a enfouies profondément : il va retrouver des événements de son passé qu’il avait oublié, en particulier la trahison de Louise. Ce roman baigne sans une atmosphère sereine : une véritable thérapie !

Numéro deux de David Foenkinos

Martin passe une audition pour jouer le rôle de Harry Potte. Mais comme nous le savons (presque) tous, c’est Daniel Radcliffe qui l’emporte ! Martin est marqué au plus profond de lui par cet échec. Il va désormais éprouver une véritable phobie pour ce personnage de fiction. Dans sa vie, les problèmes s’accumulent : son père meurt prématurément d’un cancer ; il part rejoindre sa mère qui a une liaison avec un homme qui maltraite moralement Martin. Et Harry Potter est omniprésent : au cinéma, à la télévision, dans les produits dérivés, même les dentifrices sont à l’effigie de Harry Potter ! Martin grandit, se marie : sa femme va trouver comment le guérir de sa phobie. Ce livre explore ce que peut être un échec dans la vie d’un enfant. Martin y pense constamment : pourquoi pas lui ? En écrivant ces lignes, je pense brusquement à Poulidor : un autre numéro deux qui s’est peut-être souvent posé la même question (mais les moins de 20 ans ne peuvent pas connaîte !)

555 de Hélène Gestern

En défaisant la doublure d’un étui à violoncelle, Grégoire Coblence, l’associé d’un luthier, découvre une partition ancienne. Domenico Scarlatti, compositeur baroque italien du XVIIIème siècle est connu pour avoir écrit 555 sonates. Serait-ce là la cinq cent cinquante sixiième sonate du grand maître ? Mais, lors d’un cambriolage, la partition disparaît. Cin personnages principaux vont animer l’intrigue du roman : le luthier Giancarlo Albizon ; Grégoire Coblence qui a découvert la partition ; Joris de Jonghe: collectionneur-mécène, s’intéressant à Scarlatti en mémoire de son épouse, passionnée par ce compositeur ; Rodolphe Luzin-Farge, critique musical, spécialiste de Scarlatti ; Manig Terzian, claveciniste de grande renommée, interprète réputée de Scarlatti. Une lecture addictive…

Azincourt par temps de pluie de Jean Teulé

L’auteur raconte la bataille d’Azincourt (1415) entre les français et les anglais. Il pleut sur ce petit village de l’Artois, en plein mois d’octobre. Les français sont les plus nombreux, mais tous ces preux chevaliers sont encombrés par leurs cuirasses, obligés de porter leurs étendards à bout de bras, de lourds casques sur la tête. Ils ont bien l’intention de se couvrir de gloire, mais leur entêtement va les conduite à « prendre la pâtée ». Aucun n’en reviendra vivant. Comme d’habitude, Jean Teulé raconte cette défaite mémorable avec talent, verve et ironie : les faits sont historiquement vrais, mais accompagnés de détails surprenants. Tout ce beau monde est suivi par Fleur de Lys, une prostituée qui semble avoir tout compris mais que personne ne prend la peine d’écouter. On voit, au détour d’une page, passer Charles d’Orléans, qui sera fait prisonnier par les anglais et restera 25 ans en captivité! Un livre amusant…

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